Le récit suivant nous a été confié par une connaissance qui a vécu de près la spirale négative enclenchée par une chute qu’a fait sa mère. C’est une engrenage typique, que Age Impulse s’efforce d’éviter en proposant une solution efficace pour évaluer le risque de chute.
Ma mère, Jeanne, a toujours été une femme active et indépendante. À 85 ans, elle vivait encore dans son appartement au sein d’une résidence services pour seniors à Paris. Elle aimait participer aux activités organisées par la résidence, discuter avec ses voisins et recevoir ses petits-enfants. Mais un jour, tout a changé. Une simple chute dans son salon a marqué le début d’un engrenage que nous, sa famille, n’avions pas anticipé.
La chute qui a tout déclenché
C’était un matin comme les autres. Ma mère s’était levée pour aller chercher un livre dans sa bibliothèque. En voulant attraper un ouvrage sur une étagère un peu trop haute, elle a perdu l’équilibre et est tombée lourdement sur le sol. Résultat : une fracture du col du fémur. Nous avons été prévenus par la résidence et l’avons immédiatement accompagnée à l’hôpital.
L’opération s’est bien déroulée, mais à son âge, la convalescence a été longue et éprouvante. Après plusieurs semaines en centre de rééducation, elle est finalement retournée chez elle. Nous étions soulagés de la voir revenir dans son environnement familier, mais quelque chose avait changé.
Une prudence excessive qui devient un piège
À son retour à la résidence, ma mère n’était plus la même. Elle avait peur de tomber à nouveau. Cette peur était compréhensible, mais elle l’a poussée à adopter une prudence excessive. Elle se déplaçait moins dans son appartement et évitait les escaliers ou les trajets inutiles. Elle ne participait plus aux activités de groupe qu’elle aimait tant auparavant.
Cette réduction de ses mouvements a eu des conséquences insidieuses mais rapides : elle a commencé à perdre de la masse musculaire et son équilibre s’est encore détérioré. Nous avons remarqué qu’elle marchait plus lentement et qu’elle avait du mal à se lever seule de son fauteuil. Pourtant, elle refusait souvent notre aide ou les conseils que nous lui donnions pour faire un peu d’exercice.
Isolement social et déclin cognitif
En plus de ses difficultés physiques, ma mère s’est progressivement isolée socialement. Elle sortait rarement de son appartement et voyait de moins en moins les autres résidents. Les visites hebdomadaires de ses petits-enfants étaient toujours une source de joie pour elle, mais elles ne suffisaient pas à compenser le manque d’interactions quotidiennes.
Nous avons également remarqué un déclin dans ses capacités intellectuelles. Elle oubliait parfois des détails importants ou peinait à suivre une conversation complexe. Ce déclin cognitif semblait lié à son isolement et au manque de stimulation mentale.
La rechute fatale
Malgré nos efforts pour la soutenir, ma mère a fini par rechuter quelques mois après son retour à la résidence. Cette fois-ci, c’était dans sa salle de bain. Elle a glissé en sortant de la douche et s’est fracturé la clavicule. Cette nouvelle chute a été un coup dur pour elle comme pour nous.
Après cette deuxième hospitalisation et une nouvelle période de convalescence, il est devenu évident qu’elle ne pouvait plus vivre seule dans son appartement. La résidence services n’était plus adaptée à ses besoins croissants en termes d’assistance médicale et d’accompagnement quotidien. Avec beaucoup de tristesse, nous avons dû prendre la décision de l’orienter vers un EHPAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes).
Une famille bouleversée
Pour nous, sa famille, cette transition a été difficile à accepter. Mes enfants se demandaient pourquoi leur grand-mère ne pouvait plus jouer avec eux comme avant ou leur raconter des histoires comme elle le faisait si bien autrefois. Nous étions tous peinés de voir cette femme si dynamique devenir progressivement dépendante.
En tant que fille unique, je me suis souvent demandé si j’aurais pu faire davantage pour éviter cet engrenage négatif. Aurions-nous pu retarder cette perte d’autonomie ? Étions-nous passés à côté de solutions qui auraient pu préserver sa qualité de vie plus longtemps ?
Comment prévenir cet engrenage ?
En y réfléchissant, je réalise qu’il existe des moyens concrets qui auraient peut-être pu ralentir ce processus :
1. Évaluation du risque de chute
Certaines résidences services proposent lors d’ateliers mensuels ou bimensuels une évaluation simple, fiable et rapide du risque de chute à leurs résidents et son évolution. Une évaluation tous les 3 mois pour un résident est suffisante, dans certains cas 6 mois ou parfois 1 mois. Si ce type de test avait détecté un risque potentiel ou avéré chez ma mère, on aurait pu l’orienter vers un parcours de soin préventifs, conçu pour préserver sa qualité de vie et son autonomie. Aujourd’hui, elle serait peut-être toujours dans son appartement ou elle pourrait continuer à jouer avec ses petits-enfants ?
2. Exercice physique adapté
L’activité physique est essentielle pour maintenir la force musculaire et l’équilibre chez les personnes âgées. Des séances régulières avec un kinésithérapeute ou des cours collectifs adaptés aux seniors (comme le tai-chi ou la gymnastique douce) auraient pu aider ma mère à retrouver confiance en ses capacités physiques. Même après sa fracture du col du fémur, des exercices simples auraient pu être intégrés dans sa routine quotidienne pour éviter la fonte musculaire.
3. Alimentation équilibrée
Une alimentation riche en protéines et en calcium est cruciale pour préserver la masse musculaire et renforcer les os chez les personnes âgées. Nous aurions pu consulter une diététicienne pour adapter ses repas à ses besoins spécifiques. Des compléments alimentaires (vitamine D notamment) auraient également pu être envisagés pour prévenir l’ostéoporose.
4. Maintien du lien social
L’isolement social a joué un rôle clé dans le déclin global de ma mère. Encourager davantage les interactions avec les autres résidents ou organiser des visites plus fréquentes aurait pu stimuler son moral et ses capacités cognitives. Certaines résidences proposent des ateliers spécifiques (jeux cognitifs, art-thérapie) qui peuvent aider à maintenir les fonctions intellectuelles tout en favorisant les liens sociaux.
Une question sans réponse
Aujourd’hui, ma mère vit dans un EHPAD où elle reçoit les soins dont elle a besoin au quotidien. Mais je ne peux m’empêcher de me demander : aurions-nous pu éviter ou au moins retarder cet engrenage ? Si nous avions agi différemment après sa première chute et idéalement bien avant sa première chute (en identifiant son risque, simplement et factuellement en 15 sec de marche avec les marqueurs défaillants à corriger – en mettant en conséquence en place des mesures préventives adaptées – aurait-elle pu rester autonome quelques années de plus ?
Cette expérience m’a appris une chose essentielle : il faut tout faire pour éviter une première chute qui peut créer une spirale négative chez une personne âgée.
Si une chute a lieu, il est crucial d’agir rapidement pour prévenir le déclin physique et mental qui peut en découler. Il ne s’agit pas seulement de soigner une fracture ; il faut aussi accompagner ces personnes dans leur rétablissement global afin qu’elles retrouvent confiance en elles et continuent à vivre pleinement leur vie.
Pour toutes les familles confrontées à une situation similaire, je dirais ceci : n’attendez pas que les choses empirent avant d’agir. Prévenez plutôt que guérir – votre proche vous en remerciera sûrement un jour…
Vidéo de 2 minutes : Évaluation et réduction du risque de chute des séniors